Carnet de dégustation n°4 – Tasting anniversaire

L’anniversaire d’un ami est toujours une bonne occasion pour ouvrir de belles bouteilles, encore plus lorsque ce dit ami est un grand passionné de vin comme vous.

Le 14 mai était l’occasion de célébrer l’anniversaire de mon ami Théodore. Rendez-vous pris, aux Chais de France, notre spot favori, pour ouvrir quelques quilles entre amis, sans prise de tête. Le thème était 2003, son année de naissance. Certains n’ayant pu en ramener, d’autres millésimes ont été ouverts. A la fin de l’article j’y donne mon Top 3, avec quelques surprises au vu du Line Up.

Tout commença par un superbe champagne brut de la maison Gosset, Grand Millésime 1999, en magnum. Ouverture avec un joli pschitt. En verre, les bulles sont fines et d’une belle vivacité. Le nez est quant à lui évocateur d’un champagne qui a su vieillir avec brio. Quelques notes de fleurs blanches rapidement effacées par de très jolies notes pâtissières. Expressif, raffiné avec une jolie tension, ce champagne était parfait pour réveiller nos papilles. Merci Nicolas.

Place au second champagne, et non des moindres, un Krug 2003. Exceptionnel, comme à l’accoutumée avec cette maison. Le nez est rayonnant par sa richesse, son intensité et sa fraîcheur. On a pu apprécier son merveilleux bouquet d’agrumes, de miel, de brioche avec de subtiles notes de noix. En bouche, la magie opère. C’est une parfaite harmonie entre tension, finesse et expression aromatique. La finale, minérale et d’une grande élégance, est d’une interminable longueur. Un véritable champagne de méditation. Merci Théodore pour le partage de cette bouteille.

Nous avons enchaîné avec le seul vin blanc de ce jour. Un magnum de Gilbourt de chez Benoît Courault. Un chenin du pays angevin vinifié à perfection. Après une légère ouverture, le nez révèle rapidement les notes fraîches de poire, de pomme, mêlées à de subtiles notes florales et un caractère pierreux très fin. En bouche, dès le départ, c’est tendu à souhait, avec un équilibre tout simplement proche de la perfection. Aromatiquement, c’est fidèle à son terroir, l’exprimant de la plus belle des manières. Une finale fraîche et d’une longueur très agréable. Un vin de pur plaisir, qui, bu bien frais, saura être le compagnon idéal en cette période estivale.

Maintenant, place à la sélection de vins rouges, et là encore, des vins d’exception ont été sortis. 3 régions françaises sont mises à l’honneur. La Bourgogne, le Languedoc et le Bordelais. Théodore étant commandeur au sein de la commanderie des vins de Bordeaux à Paris, il est donc naturel d’avoir une surreprésentation de cette région avec pas moins de 6 vins différents.

Il fallait donc estimer l’ordre de dégustation des vins, pour qu’aucun ne se fasse effacer par un autre.

Nous avons donc décidé de débuter par la dégustation d’un Chambertin du Domaine Ponsot sur le millésime 2001. Quelle beauté. Au départ sur la réserve, il nous a révélé, en lui laissant du temps, la finesse et l’élégance de son bouquet, composé de fruits rouges mûrs, de fleurs sèches, de notes fumées, de cuir avec une pointe de cacao. En bouche, c’est de la dentelle, entre équilibre et richesse aromatique, c’est le comble du raffinement. Les tanins sont d’une considérable souplesse, conférant à ce vin tout ce que l’on peut en attendre. La finale se révèle être d’une longueur des plus sophistiquées. Un très grand vin qui fut un réel privilège de pouvoir déguster. Merci Keanu pour cette générosité.

Ensuite, mon ami Guillaume tenait à me faire découvrir un vin dont il m’a tant parlé. La cuvée GN, des Terrasses d’Elise, vinifiée par le très célèbre Xavier Braujou, sur le millésime 2022. Un infanticide selon certains, et j’en conviens. Au nez, c’est une explosion de fruits rouges frais, parfaitement infusés, de surprenantes notes de litchi, mêlées à de considérables notes florales de pivoine, de rose ainsi que très jolies notes épicées et de garrigue, tout simplement rayonnant. En bouche, c’est pur, précis, frais et d’une remarquable subtilité. L’aromatique est cependant plus sur la réserve qu’au nez. Les tanins sont croquants et confèrent une grande gourmandise. La longueur finale est cependant un peu timide. Un Grenache pur, juvénile, qui a besoin de temps pour exprimer l’ensemble de ses qualités. Merci Guillaume pour cette découverte.

Second apport, et cette fois-ci dans le thème du jour, un Domaine Peyre Rose, Clos des Cistes, sur le millésime 2003. Peut-être que cette fois-ci, nous avons un peu sous-estimé la place de ce vin au sein de la session de dégustation. Au nez, l’expression aromatique est d’une remarquable puissance, exposant avec intensité et profondeur ses notes de fruits mûrs, d’épices, de garrigues, ainsi que ses notes animales de cuir et de musc. En bouche, c’est puissant, avec une aromatique d’une profondeur saisissante, qui ne trahit pas le nez. Les tanins sont mûrs, fermes et constituent à eux seuls la colonne vertébrale du vin. Ils sont accompagnés par une légère acidité, qui apporte l’équilibre et la fraîcheur suffisante pour porter ce vin pendant de nombreuses années encore. À la fois arrogant et d’une énergie débordante, il faudra y revenir dans une dizaine d’années pour voir si le temps aura réussi à adoucir ce monstre.

Maintenant, place aux vins de Bordeaux. Six bouteilles nous attendaient sagement, chacune classée dans un ordre bien précis. Tous les vins sont dans le thème du jour, soit, 2003. Millésime solaire sur lequel il y a eu de belles réussites, qui ont su traverser les décennies ; il y a également eu des vins aux profils moins bien équilibrés.

Nous avons donc débuté par un château Citran 2003. Un vin que le poids des années a malheureusement écrasé. Un vin sûrement bu trop tard. Le nez est médocain dans l’âme, sans aucun doute, aux notes de fruits noirs mûrs et de sous-bois, qui manquent d’intensité. En bouche, c’est identique à l’impression ressentie au nez. C’est racé mais sur le déclin. Les tanins sont mûrs, mais ne savent porter la structure du vin. La finale tombe, comme si le poids de ses 22 années pesait trop lourd. Une bouteille peut-être mal conservée, ou simplement un vin qui a atteint ses limites il y a quelques années déjà ? Curieux de pouvoir en déguster une autre afin de pouvoir en juger. Sa place au sein de la dégustation était la bonne, du moins, au sein des vins de Bordeaux.

Nous avons enchaîné avec un joli château Chasse Spleen. Une propriété que j’aime déguster dans ses jeunes années, j’ai encore en mémoire les millésimes 2018 et 2020 de très belles factures. Au nez, les fruits noirs sont mûrs et sont accompagnés par de fines notes de tabac, de champignons et de sous-bois. En bouche, c’est bien structuré, notamment grâce à des tanins à la fois fins et fondus. Le caractère aromatique du vin est racé, à l’image de ce que l’on peut attendre d’un Bordeaux de cet âge. La fin de bouche est d’une agréable longueur. Moulis-en-Médoc est une appellation réputée pour produire des vins qui s’apprécient dès leurs plus jeunes années, on peut constater ici qu’après 2 décennies les vins se portent à merveille. L’ordre est pour l’instant respecté.

Ensuite, place au pape, j’ai nommé le très célèbre château Pape Clément. Considéré comme un des meilleurs de son appellation, tant sur les rouges que les blancs, il est logique que les attentes soient élevées. Notre soif de grand vin a clairement été rassasiée. Le nez est d’une remarquable profondeur, nous offrant dès le départ ses notes de fruits noirs cuits, de sous-bois, avec une pointe de truffe et ses subtiles notes de cigare. En bouche, le vin est ample, dense ; son caractère fruité est encore bien perceptible, autant que le côté solaire du millésime, sans pour autant être trop présent ; le vin est très bien équilibré. Les tanins sont fins, élégants et parfaitement intégrés. La finale s’étend avec longueur et raffinement. Bien joué à Hippolyte, cette bouteille nous a ravi.

Une fois le voyage sur les graves terminé, place à l’unique bouteille issue de la rive droite (mon apport personnel), un château Belair 2003, plus connu aujourd’hui sous le nom Belair Monange. Une propriété historique de l’appellation que l’on ne présente plus. Au nez, la générosité du millésime et la noblesse du terroir nous apparaissent comme une évidence, entre fruits noirs mûrs, sous-bois, boîte à cigare et notes de truffes ; la palette aromatique est précise, riche et très élégante. En bouche, on ne peut qu’être conquis par un tel raffinement. Soyeux, racés, les tanins sont souples, et viennent apporter toute leur délicatesse à la structure de ce vin. La finale est équilibrée, pleine d’harmonie, d’élégance et de persistance. Un très beau vin que le temps a su anoblir.

Maintenant, place à la rive gauche, et là, sur le papier, le duel est de taille. Difficile de s’avoir par lequel commencer, alors nous avons tranché pour le château Pichon Longueville Comtesse de Lalande. À la base plein de promesses, il faut avouer que ce fut une déception. Le nez est peu expressif, on y perçoit des notes de fruits noirs ainsi que de timides notes herbacées, épicées et de tabac. En bouche, ça n’est guère mieux. Le vin manque cruellement d’expression aromatique. La structure est apportée par une trame tannique sûre, mûre sans pour autant être astringente. La longueur finale retombe assez vite. Le vin était-il dans une mauvaise phase, était-il fermé ou trop jeune ? Il faudra réessayer à l’avenir pour ne pas rester sur cette impression et laisser sa chance à un vin qui, je le sais, saura s’exprimer avec panache. N’est-ce pas Théo ?

Il est maintenant l’heure de clôturer cette très belle dégustation. Direction Saint-Julien, une de mes appellations favorites, avec un superbe château Ducru-Beaucaillou. Dès le départ, le nez se révèle éclatant par sa merveilleuse expression aromatique. On y retrouve des notes de fruits noirs mûrs, de sous-bois, de champignons, avec une touche mentholée et une pointe de tabac, comme si on plongeait le nez dans une boîte à cigares ; ce qui confère toute la complexité aromatique de ce vin. En bouche, la structure est monumentale. La matière est imposante mais d’un grand raffinement. Les tanins sont racés et nous amènent sur la rive gauche avec élan. Ample, dense et d’une grande richesse, on perçoit aisément le caractère solaire du millésime, le tout avec un remarquable équilibre. La finale est d’une merveilleuse longueur, on mesure le mastodonte que nous avons dans le verre. Un vin fougueux, juvénile, pour qui le futur s’annonce radieux. Préférez-lui une garde de 3-4 ans supplémentaires. Merci Alain pour ce bijou.  

En somme, cette dégustation a été un moment privilégié de partage et de rencontres, marquée avant tout par l’ouverture de bouteilles d’exception en l’honneur d’un ami précieux.

Maintenant, voici mon Top 3 :

  • 1er :                                        Krug Vintage 2003
  • 2nd :                                       Domaine Ponsot, Chambertin Grand Cru 2001
  • 3ème et ex-aequo :           Château Ducru-Beaucaillou 2003 et Domaine Peyre Rose, Clos des Cistes 2003

Pour la 3ème place, je dois avouer qu’il a été très difficile de les départager, alors match nul entre ces deux monstres que leur énergie débordante portera pendant de nombreuses décennies.

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